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Gatsby le Magnifique - Francis Scott Fitzgerald

Les années 20, c'est l'époque où on danse le charleston dans les soirées, on est ivre au champagne, assez paradoxalement abondant par l'effet pervers causé par la prohibition sur le marché noir de l'alcool. Les femmes sont de perles et de plumes et les hommes en élégant costumes, et ils dansent, dansent, dansent toutes la nuit dans d'immenses demeures qui sont le théâtre de ses célébrations nocturnes et endiablés.

Gatsby, riche comme Crésus, organise bon nombre de ses soirées, chaque weekend, où s'y réunisse le gratin de New York mêlé à peu importe qui aux environs ayant un jour entendu le nom du mystérieux hôte. Mystérieux car invisible, caché, tapi dans l'ombre de ses propres créations bruyantes, grouillantes et éphémères. Mais même si tout le monde profite abondamment de ses impressionnantes soirées, Gatsby n'y participe pas. Il ne fait qu'au mieux les parcourir, cultivant l'espoir éternelle d'y apercevoir cette personne qui lui est si chère.

Le livre, publié en 1925, commence par un chapitre où notre narrateur, le jeune Nick Carraway, nous raconte sa vie, et comment il s'est retrouvé à habiter une petite bicoque à West Egg, entre deux énormes villas. Depuis sa maison invisible, il ne tarde à entendre les rugissements incessants d'une de ses maisons voisines, celle du dénommé Gatsby. Mais avant cela, il rend visite à sa cousine Daisy, qui s'ennuie fermement avec son mari qu'elle sait infidèle, Tom. Ce dernier ne cache pas son adultère à Nick, l'invitant même à rencontrer sa maîtresse. (Petite anecdote, Fitzgerald a hésité à modifier ce passage, pensant que laisser Nick dans le salon alors que Tom et Myrtle coïtaient dans la chambre était un peu trop cru. Heureusement pour nous, son éditeur de l'époque l'en a dissuadé.)

Mais c'est alors qu'on se demande si on a bien entre les mains le bon livre, tant Gatsby en est absent. Il n'est que le sujet de quelques interrogations mentales ou verbales de Nick, essayant de percer son mystère auprès de personnes qu'ils rencontrent. Le pauvre est loin de s'en sortir, tout le monde connaît le nom, mais personne ne connait l'homme. Jusqu'au jour où il reçoit chez lui une invitation pour la soirée du soir.

Il entre alors dans l'immense demeure, se rendant compte qu'il est le seul à posséder une invitation, et que personne n'est capable de le mener à Gatsby, ni même de le décrire. Mais pourtant, et ce comme depuis le début du roman, on sent la présence indicible de Gatsby, observant au plus près le jeune homme, jusqu'à sa magistrale entrée.

« Gatsby, c'est moi. »

Ils nouent alors et au fil des jours une certaine amitié, Nick cherchant toujours à percer le mystère de Jay Gatsby, véritable moteur de tout sorte de rumeurs et de légendes.

Mais il se trouve que Gatsby à également un enjeux particulier que Nick peux aider à accomplir. Et c'est ce qu'il fera, à tout prix. Car grâce à lui, Gatsby compte renouer avec son premier amour, cet amour qu'il souhaite atteindre, tel la lumière verte qu'il observe chaque soir depuis le ponton au bout de sa propriété, berçait par les discrètes vagues.

Ce roman, racontant pour moi la plus belle histoire d'amour jamais écrite, n'est encore plus fort car on peine, tout comme Nick, à décrypter Gatsby, à démêler le vrai du faux, la vérité erroné du surréalisme fantasmé, fruits de l'imagination, des commérages mais aussi des mensonges.

L'ambiance du livre est réellement prenante, jonglant entre la dépravation des fêtes, la froideur ambiguë de certaines scènes, les sous entendus mais surtout le mystère, pardonnez la répétition mais c'est ce qui englobe ce livre, le mystère, de même que le désastre domine la fin de l'histoire. Car effectivement, ce roman fait parti de ceux qui vous rendent profondément triste, qui évanouissent l'espoir qu'ils créés, ces romans qui marquent à jamais une peine et un attendrissement envers les personnages. Du moins, certains personnages.

C'est là la seconde force de ce roman. Les personnages nous font ressentir des sentiments contrastés, aux antipodes l'un des autres. En effet, j'ai dès le début de la lecture eu un certain dégout envers Tom, une attention et une certaine tendresse pour Daisy, une attirance ambiguë pour Jordan (la meilleure amie de Daisy, championne de golf, qui flirt avec Nick) et surtout une attraction, un respect et une proximité étrange avec Gatsby, et on en vient à espérer qu'il va finir par attraper la lumière verte aussi fort que si notre vie en dépendait.

Cela, c'est ce qui fait un bon roman : lorsque l'enjeux du personnage nous paraît vital. On poursuit alors et cultive avec lui la lumière verte.

Ce roman oublié après sa parution et ce pendant presque vingt-cinq ans après fait aujourd'hui parti des indispensables de la littérature américaine, et pour moi un véritable chef d'œuvre parfaitement réussi, agréable et intriguant, entraînant, intemporel et touchant.

Bonne lecture, cher vieux.

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